Edito: Dr Van Leuven

Notre petit hôpital de jour ne connaît pas la crise
A l’annonce de la deuxième vague du Covid, quelque quarante usagers de « La Croisée » (Hôpital de Jour du CP St-Bernard) ont insisté pour que nous puissions maintenir une ouverture quotidienne. Ils l’affirment : « Nous craignons moins la contamination que la rechute ». Ils nous disent que « La Croisée », leur permet d’éviter de sombrer, à un moment où la longueur de la crise provoque un découragement généralisé. Ils nous disent l’importance d’éviter l’isolement. Rencontrer d’autres personnes, partager les ressentis, simplement devoir se lever le matin, c’est ce qui évite parfois de rechuter dans ses addictions… ou de tirer très vite la sonnette d’alarme.
La continuité des soins est essentielle, particulièrement en cette période d’automne où ils sont nombreux à se sentir plus fragiles qu’au printemps. Les ateliers permettent de se centrer sur un travail ou une réalisation et de laisser le Covid de côté. Continuer à prendre soin de soi, de son corps et de sa santé mentale, c’est rester vivant et en mouvement dans une période d’incertitude dont on ne voit pas la fin. Garder l’Hôpital de Jour ouvert pour autant de patients tout en assurant la sécurité sanitaire n’allait pas de soi. Les usagers ont accepté les règles indispensables et bien explicitées qui en étaient la condition : port du masque, respect de la distanciation physique, autres gestes barrières, prise de paramètres deux fois par jour.
Les soignants en étaient convaincus, eux aussi : pouvoir travailler en présentiel pour tous les usagers qui le souhaitaient était indispensable mais cela exigeait de nombreuses adaptations au cadre : permettre plus de souplesse dans la fréquentation au regard des besoins et des contraintes des patients, établir des programmes au jour le jour, varier les ateliers, maintenir une présence non contrôlante mais suffisante pour veiller à la santé de tous, renforcer le travail de coordination avec le réseau parfois mis à mal, se concerter avec les médecins-traitants pour les patients à risque, bricoler des solutions d’urgence…
Par ailleurs, nous restons en contact téléphonique avec une vingtaine de patients qui préfèrent rester chez eux pour diverses raisons.
Au bout du compte, nous constatons que dans un service où les nombreux aller-retours de nos patients auraient pu être source d’angoisse, nous nous sommes surpris à travailler dans le plaisir et un sentiment de sécurité, peut-être parce que nos patients nous rappellent souvent à quel point ce travail a du sens.
Qui est ?
Le Dr Van Leuven
- Le Dr Van Leuven est le psychiatre référent de l’Hôpital de Jour « La Croisée », de l’Equipe Mobile de crise et des projets familles au Centre Psychiatrique Saint-Bernard à Manage.
- Elle est arrivée au CP St-Bernard il y a 12 ans.
- Son mari et elle sont passionnés de permaculture, une autre forme d’approche systémique.
- Ils ont créé une petite exploitation maraîchère à Sivry où ils organisent aussi des conférences et workshops sur la thématique « Prendre soin des lieux pour prendre soin du monde ».