Dossier: L’argent des Frères de la Charité

Tout ce que vous vouliez savoir depuis toujours sur l’argent des Frères de la Charité
Chez les Frères de la Charité, il y a bien de l’argent à répartir parmi les nombreux établissements et les nombreuses écoles, mais l’organisation est tellement grande et compte tant de collaborateurs, qu’un grand montant est inévitablement la somme de nombreux petits montants. Nous avons demandé au président Raf De Rycke d’expliquer les finances en 7 thèmes et nous avons écouté le centre orthopédagogique Saint-Lambert de Bonneville et le centre psychiatrique Saint-Bernard de Manage pour avoir une idée de la pratique. Raf De Rycke: « L’organisation les Frères de la Charité n’est pas riche et ce n’est non plus son objectif. Nous utilisons nos surplus pour réaliser notre mission. »
Rédaction: Geneviève Vandenhoute, Patricia Stasse & Veerle Frissen, illustration: Benus, photographie: Fred Debrock, François Dehombreux
Le président Raf de Rycke réfute les 7 mythes les plus importants sur notre argent
- LES FRÈRES DE LA CHARITÉ SONT RICHES
Raf : « Cela, c’est vraiment un préjugé et un mythe. Cette supposition fautive a évidemment tout à faire avec l’échelle de l’organisation. Si nous additionnons toutes les finances de toutes nos écoles et de tous nos établissements, nous aboutissons évidemment à un montant élevé. Mais en comparaison avec d’autres écoles et établissements d’autres organisations, nous arrivons à la conclusion que nous ne sommes pas du tout aussi riches que les gens supposent. En outre, dans une organisation du secteur du ‘profit social’ comme les Frères de la Charité, l’objectif n’est pas d’être riche. Les moyens financiers que nous recevons de subsides des pouvoirs publics, sont un moyen pour pouvoir réaliser la mission, qui est traduite en objectifs stratégiques et opérationnels. Evidemment une organisation, aussi de profit social, doit réaliser suffisamment de surplus, pour garantir la continuité, pour surpasser des périodes difficiles ou pour démarrer des projets innovateurs. Nous sommes bien riches quand nous portons en compte les compétences et les talents de nos collaborateurs, tout comme par le fait que nous disposons d’un riche patrimoine spirituel. »
- LES MOYENS DE LA COMMUNAUTÉ DE FRÈRES ET CEUX DE L’ORGANISATION (AVEC TOUTES LES ÉCOLES ET TOUS LES ÉTABLISSEMENTS), C’EST TOUT UN
Raf : « Non. Cette confusion existe toujours et provient évidemment du fait que la communauté de Frères (la famille) et l’organisation des écoles et des établissements (l’entreprise) portent le même nom. Pourtant, les moyens sont complètement scindés. Avec les moyens financiers de ‘l’entreprise’ nous rendons possible l’exploitation de nombreuses écoles, de nombreux établissements et des services centraux. Et une grande somme est destinée au fonctionnement quotidien, pensons aux frais du personnel, aux investissements, aux frais énergétiques, à l’achat de denrées alimentaires et de médication, … Ce qui reste peut être utilisé à nouveau pour le fonctionnement de l’organisation.
Les moyens financiers de ‘la famille’ ou la communauté de Frères de la région belge sont nécessaires pour pourvoir à la subsistance des Frères et au soutien d’initiatives congréganistes qui n’entrent pas en considération pour la subvention. C’est donc quelque chose à part. Récemment, ils ont été introduits dans une fondation privée. Cela est une construction juridique comparable à une ASBL. La plupart des congrégations ont mis leurs moyens dans une fondation et la communauté des Frères a fait de même en 2018. »
« Dans les soins de santé mentale, le financement des pouvoirs publics se déroule sur la base d’un système totalement dépassé »
- NOUS AVONS TOUS UN SALAIRE DE FONCTIONNAIRE
Raf : « Non. Dans le secteur de l’enseignement, la direction et presque tous les enseignants sont payés directement par le département enseignement. Pourtant ce ne sont pas des fonctionnaires, mais des travailleurs dans l’organisation les Frères de la Charité. Vous travaillez dans un hôpital psychiatrique ou dans un centre orthopédagogique ? Cela ne signifie pas non plus que vous êtes un fonctionnaire. Votre salaire est payé avec des budgets des pouvoirs publics, complétés de contributions personnelles des clients. Il faut savoir que les frais salariaux sont d’environ 70 à 80% des dépenses dans notre organisation. Le financement des pouvoirs publics est basé sur des règles très strictes. On ne reçoit jamais de l’argent des pouvoirs publics en cadeau. Dans les soins de santé mentale, le financement se déroule sur la base d’un système totalement dépassé, basé sur des éléments de structure comme le nombre de lits. Il est mieux de fixer le budget en fonction d’activités, d’intensité des soins, de qualité et d’innovation. Des avantages extralégaux comme des chèques repas ou une assurance hospitalisation, par contre, n’entrent pas en considération pour des subsides, mais sont une faveur de l’employeur. »
- CHAQUE ÉCOLE OU CHAQUE ÉTABLISSEMENT REÇOIT CHAQUE ANNÉE LE MÊME BUDGET
Raf : « Non, pas du tout. Chaque établissement ou école fait un budget dans lequel les investissements et les coûts sont estimés. Ce résultat doit alors être vérifié par rapport au budget attendu des pouvoirs publics. Sur cette base on détermine alors combien de moyens financiers sont nécessaires. Les propositions budgétaires pluriannuelles sont rédigées avec l’aide des services centraux dans votre école ou établissement, et sont ensuite présentées au conseil d’administration et finalement approuvées par l’assemblée générale. Spécifiquement pour les écoles il y a aussi un ‘Fonds d’infrastructure’ pour des investissements importants. Toutes les écoles réservent des moyens pour des investissements qu’une seule école ne peut pas porter ; c’est un système basé sur une solidarité délimitée. On veille à ce que la répartition se déroule honnêtement et selon des besoins spécifiques. »
« Les dernières années, nous ressentons clairement qu’il est toujours plus difficile de réaliser le seuil de rentabilité. Nous devons toujours faire plus avec toujours moins de moyens »
- IL Y A TROP PEU D’ARGENT
Raf : « Cela est vrai et pas vrai. Notre responsabilité est de dispenser, avec les moyens des pouvoirs publics, un enseignement et des soins les meilleurs possibles. Mais il faut toujours attendre quels subsides nous recevons. Les dernières années, nous ressentons clairement qu’il est toujours plus difficile de réaliser le seuil de rentabilité. Nous devons toujours faire plus avec toujours moins de moyens. On ne peut déplumer une grenouille. La qualité et la sécurité sont pourtant toujours prioritaires. Un manque de moyens ne peut certainement pas être compensé par le patient ou le client. Donc, à chaque fois, c’est un défi. La rédaction d’un budget revient toujours à faire une pondération bien fondée entre d’une part les besoins sur le plan du personnel, de l’équipement et de l’infrastructure et d’autre part les moyens disponibles par des fonds propres, par les pouvoirs publics, par du sponsoring ou des contributions de clients et de patients. Nous n’approuvons pas des budgets qui sont négatifs, sauf temporairement et dans des situations exceptionnelles. »
- UN DIRECTEUR GAGNE BEAUCOUP
Raf : « Beaucoup, qu’est-ce ? Dans le secteur du profit social la tension salariale entre la personne qui gagne le plus et celle qui gagne le moins est significativement moins grande que dans le secteur commercial. Un directeur gagne plus. C’est correct et cela a principalement à faire avec sa tâche plus complexe et la grande responsabilité. Non chacun se sent prêt à assumer cette tâche. En tant qu’organisation nous devons pour cette raison rester dans une certaine mesure concurrentiels et assurer que les dimensions responsabilité, disponibilité, complexité et leadership sont rémunérées d’une façon correcte. »
- LES FRÈRES ONT UNE BRIQUE DANS LE VENTRE
Raf : « Parfois je dis en effet, en riant, que nous sommes riches en briques. Nous sommes une organisation avec une tradition bicentenaire et notre responsabilité est de prendre soin de notre patrimoine matériel comme un bon père de famille. Certains bâtiments sont classés, comme l’axe moyen du centre psychiatrique St-Kamillus à Bierbeek ou le musée Dr Guislain à Gand. Cela implique des obligations spécifiques. Un bâtiment ne peut pas, sans plus, recevoir une nouvelle destination et les charges financières en matière d’entretien sont lourdes à porter. Les subsides pour des bâtiments classés sont limités en comparaison avec les frais de maintenance et ne sont accordés qu’au-compte-gouttes. Riches en briques, oui, mais la valeur des biens immobiliers est donc relative. »
Qui est Raf De Rycke ?
- Raf (72) est le président de l’organisation les Frères de la Charité et de l’ASBL Asster.
- Il est le (co-)auteur de livres sur la gestion stratégique pour le secteur de la santé et de l’aide sociale’ et sur ‘ce qu’il faut savoir’ relativement à la psychiatrie.
- Raf aime la mer, la région des Fourons, la nage, des livres d’Alexis de Tocqueville et de Stieg Larsson, et il est un fan de Lana del Rey, de Roosbeef et de saint Vincent.
C.O. Saint-Lambert – Bonneville
7 questions sur le financement du Centre Saint-Lambert
« La meilleure dépense c’est celle qui n’est pas faite »
- Qui nous finance ?
Marc P.: « Le Centre Saint-Lambert est financé par l’AViQ, Agence wallonne pour une Vie de Qualité (anciennement AWIPH), pour organiser un Service de Logement Supervisé (SLS) de 6 places et surtout un Service résidentiel pour Adultes (SRA) de 226 places. »
- Comment sommes-nous financés ?
Marc P.: « Pour le SRA, jusqu’en 2018, il s’agissait de trois enveloppes annuelles qui sont dans un rapport croissant d’importance d’environ 1/10/100 :
- une enveloppe chargée de couvrir les dépenses de médecins coordinateurs ;
- une enveloppe dite « journalière » qui correspond à un montant indexé (aujourd’hui de 12,28 €) par jour de présence effective de chaque usager au Centre (donc pas quand il est à la maison, par exemple). Elle sert à financer des dépenses en lien direct avec la vie au jour le jour : alimentation, vêtements (achat et nettoyage), activités, hygiène et déplacements ;
- une enveloppe dite « annuelle » qui correspond à un montant variant de 48.000 € à 59.000 € par an, par usager, selon que la personne déficiente intellectuelle présente des limitations : grabataire, ne sait pas se nourrir et/ou se déplacer seule, épilepsie non stabilisée…
Elle sert à financer surtout les frais de personnel (85%). Les autres grandes familles de dépenses sont les amortissements des investissements, les frais d’énergie. Et tout le reste ! »
- Y a-t-il des extras ?
Marc P.: « A ces subsides de base, nous ajoutons ceux qui servent exclusivement à financer une partie de certains emplois : Maribel (intervention d’un Fonds sectoriel), les APE (subside dépendant jusqu’en 2018 du Ministre de l’Emploi de la Région Wallonne) et les Emplois Promotion Emploi (mécanisme ancien et complexe de financement par le Fédéral, transitant par l’AVIQ). Par ailleurs, nous bénéficions de conventions nominatives (liées à la personne) avec l’AVIQ et le Département du Nord de la France. »
- Est-ce que les usagers paient aussi ?
Marc P.: « La part contributive ne constitue pas un subside. Elle est, comme son nom l’indique, la participation de l’usager à son hébergement. Elle est facturée par l’institution à chaque usager en fonction de ses jours de présences sur le mois et ce montant est déduit de nos subsides. Parfois, le mécanisme est pénalisant. En effet, les finances de l’institution supportent les ‘mauvais payeurs’. »
- Qu’est-ce qui était le plus grand changement en l’an 2019 ?
Marc P.: « Pour le SRA à partir de 2019, le système évolue. Principalement, les subventions attribuées par l’AVIQ sont utilisables sur des périodes de six ans (et plus annuellement). Il devient dès lors possible de compenser des excédents de charges éligibles (acceptées par l’AVIQ) ou de subventions d’un exercice à l’autre. Il s’agit d’une plus grande souplesse conditionnée à un renforcement du contrôle, voire de l’orientation de l’utilisation des moyens publics à travers le dépôt d’un contrat d’objectifs. »
« On entend par « contrat d’objectifs : un document par lequel les services développent la stratégie qu’ils comptent mettre en œuvre dans les six années à venir de manière à améliorer la qualité des prestations offertes à leurs usagers et à proposer une offre de services visant à rencontrer les besoins et enjeux d’avenir du secteur. »
- Y a-t-il des évolutions et des changements importants dans le financement ?
Marc P.: « Hors cette évolution dans l’utilisation des moyens, les SRA attendent une réforme du subventionnement selon le niveau de prise en charge de la personne (PEC) ou le niveau d’ ‘intensité de soutien’. Il semble y avoir un consensus sur le constat du besoin de faire évoluer le financement qui tient principalement compte de déficiences physiques vers ‘autre chose’. Les enjeux et les questions sont vastes et complexes : définition des publics et des frontières entre une personne handicapée ou un autre « statut » : jeune 18-25 ans, ainé, double diagnostic (déficience et maladie mentale) … Nous sommes particulièrement attentifs aux évolutions qui nécessiteront de nous ajuster. »
- Quelle est l’importance des montants par exemple venus du Rotary ?
Marc P.: « N’oublions pas des dons reçus comme celui issu de la manifestation « Théâtre à la ferme » organisée avec le Rotary d’Andenne, à laquelle le Centre Saint-Lambert collabore. Ces montants ne sont pas importants au regard de l’ensemble des subventions ; ils sont toujours symboliquement importants et souvent déterminants dans la réalisation d’une action ou achat spécifique. »
Qui est Marc Palate?
- Marc Palate est le Directeur Général du C.O. Saint-Lambert à Bonneville
C.P. Saint-Bernard, Manage
7 questions sur le financement du Centre Saint-Bernard
« La difficulté dans la réalisation du budget est de « prévoir l’avenir »
- D’où vient notre argent ?
Yves L.: « L’essentiel du financement du CP Saint-Bernard provient du Service Public Fédéral de la Santé Publique, via le budget des moyens financiers, qui couvre en partie les frais liés au fonctionnement général de l’hôpital (soins infirmiers, fonction hôtelière, officine hospitalière…) et de l’AViQ (Agence wallonne responsable entre autres de la Santé et du Handicap), via le prix d’hébergement, finançant les infrastructures (constructions, équipements et entretien). Les budgets du CP Saint-Bernard sont établis, chaque année au mois d’octobre, pour les 3 années suivantes. Ainsi, en octobre 2019, les budgets pour les années 2020 à 2021 ont été établis. »
- Comment sommes-nous financés ?
Yves L.: « Les budgets « pluriannuels » sont composés de différentes parties:
- le budget informatique : il reprend principalement les dépenses des licences de logiciels et programmes informatiques nécessaires au fonctionnement de l’institution (dossier patient informatisé, gestion RH…) ainsi que des consommables informatiques ;
- le budget d’investissements : il s’agit des travaux de rénovation, de construction et les achats de biens dont la durée de vie s’étale sur plusieurs années (mobilier, matériel médical et non médical…) ;
- le budget de trésorerie : celui-ci traduit les flux de liquidités entrants et sortants de l’institution ;
- et le budget d’exploitation qui intègre l’ensemble des dépenses et des recettes de l’exercice. Ce budget détermine si l’institution est en bénéfice ou en perte.
Ces différents budgets traduisent les moyens financiers nécessaires pour que l’institution puisse remplir son objet social. »
- Quelle certitude avons-nous concernant nos revenus ?
Yves L.: « La difficulté dans la réalisation du budget est de « prévoir l’avenir ». L’environnement dans lequel nous évoluons change rapidement, pour preuve les multiples changements intervenus dans le paysage hospitalier ces dernières années (classification IFIC, régionalisation du financement des infrastructures…). C’est pourquoi, nous travaillons à partir d’hypothèses, comme par exemple l’indexation des prix, l’évolution du coût de l’énergie, le taux d’occupation des Unités de Soins, le nombre de travailleurs nécessaire. Afin d’éviter tout dérapage budgétaire, les budgets font périodiquement l’objet d’une évaluation. Les chiffres réels sont comparés aux chiffres budgétaires, c’est ce qu’on appelle le ‘contrôle budgétaire’. »
- Comment obtenons-nous des extras ?
Yves L.: « Cependant l’essentiel du financement, des moyens supplémentaires peuvent être obtenus au travers de nouveaux projets pour lesquels nous nous portons candidat. Pour le CP Saint-Bernard, citons par exemple le financement de personnel supplémentaire obtenu dans le cadre des différents projets internés (lits de crise et équipe mobile) ou encore le financement reçu de la fondation Roi Baudouin pour l’Espace Enfants. »
- Comment aidons-nous des patients qui ne peuvent payer leur contribution ?
Marie D.: « Au CP St-Bernard, un Fonds de Solidarité a été créé en 1992. Il intervient de manière résiduaire, c’est-à-dire après intervention des organes officiels (mutuelle, C.P.A.S., etc.) et de la famille, pour des situations exceptionnelles de patients sans ressources. Toujours en considérant, au moins sur le plan théorique, que l’intervention ne constitue qu’une avance susceptible d’être récupérée auprès du patient, lorsque sa situation sera stabilisée. Ce Fonds est géré par un comité de 4 à 7 membres du personnel, qui examine les demandes et y répond rapidement. Chaque année, il rend compte de ses activités lors d’une assemblée générale. »
- D’où vient l’argent du fonds de solidarité ?
Marie D.: « Le Fonds de solidarité est alimenté par diverses initiatives et personnes porteuses de projets au sein du CP St-Bernard. Les activités du Comité des Fêtes ont toujours été soutenantes, comme la brocante et le marché de Noël, mais aussi d’autres plus surprenantes, telles qu’un concert de Stella en 2007, des pièces de théâtres en collaboration avec le Lion’s club de la Louvière, sans oublier les nombreux soupers spaghetti organisés tout à fait bénévolement par quelques membres du personnel. Depuis cette année, les bénéfices réguliers qui proviennent de la Friperie (espace de vente de vêtements de seconde main à un prix très abordable) du CP St-Bernard ont été intégrés aux comptes du Fonds de solidarité. Cela va permettre d’élargir les interventions à des projets culturels, artistiques, spirituels et de bien-être. Par exemple d’offrir à des personnes qui ne peuvent se le permettre l’occasion de visiter une exposition ou un musée, de faire une sortie festive avec leur Unités de Soins… »
- Comment gérons-nous des factures impayées ?
Yves L.: « Les factures émises par l’institution ne sont malheureusement pas toujours payées en temps et en heure. Certaines ne le sont d’ailleurs jamais. C’est pourquoi le CP St-Bernard dispose de son propre service contentieux. Le rôle de ce service est multiple : vérifier les paiements, contacter téléphoniquement les débiteurs, adresser des rappels ou des mises en demeure, discuter d’éventuels plans d’apurement et dans les cas les plus problématiques, préparer le dossier qui sera confié à un avocat pour une récupération devant les tribunaux. La gestion des factures impayées coûte chaque année plusieurs dizaines de milliers d’euros à l’institution. »
Qui sont Yves et Marie?
- Yves Leroy est le directeur administratif et financier au CP Saint-Bernard à Manage
- Marie Dumont travaille au service Sens et Pastorale au CP Saint-Bernard à Manage
C.O. Saint-Lambert – Bonneville
Les budgets dans les maisons à Andenne
Autonomie
Valérie G. : « Les 240 usagers accueillis au Centre Saint-Lambert vivent dans 20 maisons et 10 appartements. Ils sont encadrés par des éducateurs. Il est laissé aux maisons une autonomie pour les décisions de la vie quotidienne :
– Confient-elles l’ensemble du linge au buandier externe ou souhaitent-ils le prendre en charge (en partie) eux-mêmes ?
– Font-elles appel systématiquement à la cuisine centrale ou préfèrent-elles à certains moments préparer le repas avec les usagers (par préparation il faut entendre tantôt les courses, tantôt la confection du repas, tantôt les deux) ?
– Que proposent-elles comme activités au sein de la maison ?
– De quoi ont-elles besoin pour prendre soin de leur maison et des usagers ? Quelles décorations ? Quels produits de soins ?
– De quels vêtements les usagers ont-ils besoin ?
Pourquoi ? Valérie G. : « Pour faire vivre nos concepts. Grâce, entre autres, à cette autonomie, le Centre vise à leur laisser la possibilité de faire des choix (autodétermination) et à valoriser leurs rôles sociaux (tout comme Monsieur Tout le Monde, l’usager participe dans la mesure de ses capacités à l’entretien de sa maison, de son linge…). Qui dit ‘ Autonomie’ dit également ‘Responsabilisation’, c’est pourquoi, en début d’année, la direction définit un budget par maison.
Le budget est défini en fonction du nombre d’usagers, de leurs profils, du projet de la maison, du nombre de jours de retours en famille de la maison et du recours plus ou moins important aux services centraux (buanderie et cuisine).
Le suivi est effectué théoriquement chaque mois… ce qui constitue un réel défi, tant pour les éducateurs que pour les services administratifs. A titre illustratif, quelques facteurs de succès :
- la coordination et la planification (qui achète quoi, quand, pour quel montant ?). Elle est d’autant plus importante que le nombre d’éducateurs dans une équipe est grand.
- la mise à disposition des indicateurs de suivi de façon régulière.
- la compréhension des mécanismes (formation du personnel).
- la sensibilisation de chacun.
- …
Nouveau Logiciel
Début 2019, le Centre a changé de logiciel comptable et a dès lors mis en place un nouveau processus de suivi… processus qui a fait ses maladies de jeunesse et qui va être adapté pour l’année à venir.
Qui est Valérie Grimmiaux ?
- Valérie Grimmiaux est la directrice administrative & services support de O. Saint-Lambert à Bonneville.