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24 avril 2019
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A l’écoute: Marcia De Wachter

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Marcia De Wachter - © Bart Moens

Marcia De Wachter

« Il est nécessaire que la féminisation sur le terrain de travail s’exprime aussi au niveau des dirigeants »

 

Rédaction: Mattias Devriendt, photographie: Bart Moens

 

Des managers de premier plan féminins : il n’y en a pas beaucoup. Pourtant Marcia De Wachter était comme chef de la Banque Nationale pendant de nombreuses années la femme la plus importante dans le monde financier belge. Comme membre du conseil d’administration de notre organisation, elle a aidé à tirer le processus de la féminisation, du débat en matière d’euthanasie, des finances et de notre nouvelle mission. « Beaucoup de gens associent ‘les Frères’ à quelque chose disons des années ’50. Que vous êtes au fond révolutionnaire à notre époque, c’est difficile à comprendre pour un externe. »

 La maison de Marcia De Wachter est située sur la frontière linguistique. Elle marche à pas de loup vers le fauteuil. « Oui, il y a aussi un Dirk De Wachter (nom d’un psychiatre-psychothérapeute flamand célèbre ndlr)) dans ma famille, mais il n’est pas psychiatre », rit-elle.  Deux appareils de fitness dans son living témoignent comment elle réussit à l’âge de 65 ans apparemment sans peine à rester en bonne condition et énergique. Début janvier elle a cessé son engagement chez la Banque Nationale et comme membre du conseil d’administration des Frères de la Charité pour lancer sa propre entreprise. « J’étais à l’époque la première femme qui était dans votre conseil d’administration », raconte-t-elle. « Mais les dernières six années nous étions déjà à trois. »

Septante pour cent des collaborateurs des Frères de la Charité sont des femmes et pourtant nous avons une image masculine. C’est un problème pour vous ?

« Ah, l’organisation s’appelle Frères de la Charité et non Sœurs de la Charité (rit). Voyez-vous, il est nécessaire que la féminisation du terrain de travail s’exprime aussi au niveau des dirigeants. Même si la plupart des membres de direction étaient jusqu’à il y a quelques années masculins, cela est en train de changer lentement. Mais cela on ne le réalise pas en 1 jour. Il faut parfois du temps pour avoir des femmes au sommet. »

Cela résonne comme si les femmes doivent l’apprendre…

« Non, je veux dire précisément l’inverse. Le contexte doit être prêt à mettre les femmes en valeur comme dirigeantes. Nous devons être attentifs aux femmes qui ont envie de prendre la direction dans leurs équipes, les accompagner et assurer un climat sûr et bon dans lequel elles peuvent prendre la direction. Les hommes doivent aussi avoir de l’attention pour le fait que des femmes sont souvent plus incertaines et ont plus que les hommes la tâche double de combiner le travail et la famille. Enormément de choses ont changé sur ce plan. Des couples modernes ont aujourd’hui un rapport homme-femme beaucoup plus équilibré qu’auparavant, quand les femmes étaient opprimées. D’ailleurs je remarque que les hommes de femmes au foyer ont une attitude souvent moins respectueuse envers les collègues féminins au terrain de travail. »

 C’est un énoncé très net.

« Il se peut, mais cela je le remarque vraiment. »

 En tant que manager féminin du premier plan, avez-vous ressenti plus de résistance que vos collègues masculins ? 

« J’appartiens à la première génération de femmes avec une famille qui a réussi dans le monde bancaire central. Auparavant, c’était inexistant. La Banque était organisée de façon énormément militaire et hiérarchique. J’étais presque toujours dans une très petite minorité. Quand j’étais en tant que femme dans un comité de direction, on me donnait lors de mon input régulièrement la remarque ‘elle est émotionnelle’. Mais c’est précisément cela qui fait défaut chez des équipes de direction. On ignore complètement l’impact émotionnel de décisions. Cela s’appelle ‘group thinking’ : 1 façon de base spécifique de réfléchir qui exclut toutes les autres options. Une seule femme dans une équipe ne changera pas cela. Ils l’écartent simplement. C’est seulement quand plusieurs voix féminines disent chacune à sa façon la même chose, que l’impact croît, qu’il y a plus de volonté d’écoute et moins de machisme. La diversité est cruciale pour une bonne politique. Les femmes regardent les choses souvent autrement. Les hommes et les femmes ne sont pas égaux. Nous sommes équivalents. Nous ne nous menaçons pas l’un l’autre. Nous sommes un enrichissement l’un pour l’autre. »

 

Un club poussiéreux

 Quel est le mot avec lequel vous décririez notre organisation ?

« Impressionnant. Comment vous êtes organisés, comment les problèmes et les défis sont approchés professionnellement et fondamentalement, comment on gère l’identité. Mais outre ce côté ‘affaires’, il y a la générosité ou le désintéressement des collaborateurs qui sont tout aussi impressionnants. Les collaborateurs sont énormément engagés pour faire ce qui est le mieux pour l’élève, le patient ou le résidant. Cet engagement et cette passion dépassent le travail. C’est une attitude devant la vie. L’identité des Frères de la Charité, je la ressens énormément sur le terrain. Il y a quand même une grande différence avec d’autres organisations. Je trouvais aussi impressionnant de voir comment les Frères de la Charité gèrent toujours de nouveau avec circonspection et profonde humanité des questions d’éthique. Il s’agit ici de la vie et de la mort, non ! C’est fantastique avec quel courage et avec quelle vulnérabilité l’organisation a pris pendant des années une attitude de pionnier dans le débat sur l’euthanasie. L’audace de continuer à défendre leur point de vue, que ce soit qu’ils ramassent : j’en suis fortement impressionnée. J’ai déjà reçu beaucoup de feedback positif et renforçant à ce sujet. En outre, il y a la volonté systématique pour accompagner quand même les plus faibles, qui ne peuvent plus s’adresser nulle part. Malgré les risques et les préjugés. C’est un travail héroïque. Les Frères sont révolutionnaires dans ce qu’ils sont et dans ce qu’ils font. Ce n’est pas un club poussiéreux. »

 Sur quoi avez-vous insisté encore ?

« Evidemment j’ai aspiré à des mécanismes de contrôle et une péréquation des risques sur le plan financier. J’ai aussi fortement travaillé sur la prise de conscience relative à des femmes dans des positions dirigeantes et je suis aussi fière du texte de la mission auquel tant de gens ont collaboré et que j’ai aidé à approuver fin 2018. »

 En quel sens vous en êtes fière ?

« La mission des Frères de la Charité était auparavant très rationnelle, analytique, réservée et bien réfléchie. Pour moi il y avait une rupture entre ce qui était visible sur le terrain et comment on l’avait formulée. Par conséquent, je suis très heureuse du texte de la mission qui a été validé récemment parce qu’il est porté et qu’il rayonne plus d’émotion, de chaleur, d’humanité et de ‘fraternité’. Une mission doit toucher les gens. »

 Outre une mission, notre organisation a aussi une déclaration d’adhésion avec 5 caractéristiques : inspirant, unissant, coachant, tourné vers l’humain et l’esprit ouvert. C’est reconnaissable ?

« Absolument. Tous les cinq même (rit). Ces caractéristiques concernent le côté humain et chaleureux. C’est un leitmotiv. Une telle chose fait le climat et la culture d’une organisation. Il s’agit de cette dimension supplémentaire. Cela fait la différence. Les collaborateurs des Frères de la Charité sous-estiment l’impact de leur travail. Vous jouez un rôle de modèle. »

 Est-ce que cela ressortit suffisamment ?

« Oui. Ce n’est pas simple. Il y a beaucoup de stigmates sur le nom et sur les secteurs dans lesquels vous travaillez. On ne s’en défait pas facilement. Beaucoup de gens associent ‘les Frères’ avec quelque chose disons des années ’50. Que vous êtes au fond révolutionnaire à notre époque, c’est difficile à croire pour un externe. Je peux en témoigner dans cette interview, mais cela ne changera pas beaucoup de choses. »

 

4.500 milliards d’euros

 Vous avez étudié l’économie et vous étiez pendant de nombreuses années chef de la Banque Nationale. Y a-t-il suffisamment d’attention pour l’économie dans notre enseignement ?

« Pendant l’école secondaire je n’ai jamais eu des cours d’économie. Pourtant, cela ne m’a jamais freinée. Etre financièrement lettré, c’est important, mais gérer les données et l’information est aujourd’hui au moins aussi important. Appelons-le ‘être lettré sur le plan informationnel’ ou quelque chose dans ce genre (rit) Ah, l’enseignement c’est tant de plus que de la connaissance en cases. Vlajo (Organisation flamande pour la jeunesse, ndr.) m’a demandé récemment de donner un exposé pour une classe de l’école secondaire. Je trouvais cela très agréable. Quand je vois ces jeunes, je veux leur apprendre 3 choses. Un : sachez ce que sont vos talents, vos intérêts et vos points forts. Deux : préparez-vous à un apprentissage toute la vie durant. Si vous avez quitté l’école pendant 4 ans, on peut partir du point de vue que tout ce que vous avez appris, est suranné. Neuf des dix emplois qui sont exercés dans dix ans, n’existant pas encore aujourd’hui. L’attitude pour continuer à développer ses talents et pour apprendre est essentielle pour les jeunes. Et trois : apprenez à communiquer sur vos talents, vos sentiments, sur vos pensées et de préférence en différentes langues. Beaucoup de jeunes ont des difficultés à s’exprimer. Par exemple ils devraient pouvoir dire sans stress ce en quoi ils sont bien. Ou savoir énoncer un message difficile sans pour cela susciter un conflit. Fréquenter les gens d’une façon constructive, aussi dans des circonstances difficiles : c’est un talent qui sera toujours plus important à l’avenir. »

 Quelle est votre estimation du futur de notre système économique ?

« Quand j’étudiais aux Etats-Unis, on m’a appris que l’économie est une chose très rationnelle. Un système avec des causes et des conséquences claires, basé sur l’élan de l’humain à faire primer son intérêt personnel sur celui d’un autre. Un marché devait être régulé le moins possible. Le diktat économique était un lavage de cerveau massif. L’autorité en cette matière, Alan Greenspan, répétait toujours : ‘Laissez tout passer, le marché règle tout lui-même et tout finira bien’. Personne n’osait le contredire. On pouvait déjà se déclarer heureux de pouvoir assister à une rencontre avec lui. Nous avons connu les conséquences. A partir de 2004 le marché a complètement explosé avec toutes les ondes de choc qui en découlaient. Donc : ‘Group thinking’. Si personne ne peut contredire un certain patrimoine d’idées, les choses tournent mal. Aujourd’hui il en est toujours ainsi. La politique monétaire est dirigée par un petit club d’hommes, têtu. Ils s’attachent à la même recette défaillante dans l’espoir que soudain un autre gâteau apparaîtra. Et personne ne pose des questions à ce sujet. Le concept est simple : les banques reçoivent des tas d’argent sans que certaines parmi elles doivent mettre de l’ordre dans la maison et les citoyens doivent fournir des efforts d’austérité. 4.500 milliards ont été donnés aux banques au cours des six années précédentes et ils reçoivent encore de l’argent en dessus pour l’accepter. Et cela pendant que le citoyen perd sur son livret de caisse d’épargne. Ma vieille grand-mère de 90 ans pouvait économiser il y a 30 ans avec sa pension. Aujourd’hui elle doit ‘manger’ sa maison. Quand je vois l’avenir, je vois la même chose se produire de nouveau. Les prix des habitations sont trop élevés, le taux de dette des familles augmente et les charges sont trop élevées. On a déjà planté les semences d’une crise suivante. »

 Vous vous excitez…

« En effet. Je ne me fâche pas sur les banques ou sur l’argent. Pour moi il s’agit de l’injustice du système. Je me fâche déjà tout un temps sur la réaction de l’Europe aux groupes de gens venant de l’Afrique et du Moyen-Orient. Du Maroc à l’lran, du Congo à la Kenya : une classe super-riche au sommet exploite la population avec l’aide d’entreprises étrangères et des nations qui gardent en place l’inégalité. Pensons par exemple au Congo. Tout le monde sait que Tshisekedi a été élu frauduleusement. Et qu’est-ce que fait notre pays ? Applaudir. Nous nous plaignons de 15.000 demandes d’asile de personnes nécessiteuses dans un pays où 150.000 emplois ne trouvent pas des candidats. Nous sommes fâchés par le fait que des Congolais fuient leur pays à la recherche d’une vie meilleure en Europe. Mais cela n’est-il pas logique ? Ces gens voient chaque jour des images de notre société sur leur GSM. Ah, ce manque d’humanité peut me rendre énormément fâchée. J’ai une belle-fille thaïlandaise et une belle-fille tunisienne avec les noms éloquents : Assawawuttipong et Abdelkader. Essayez de demander un emploi avec de tels noms…. Le jour où ils ont pris le nom de leur mari, ils avaient tout de suite un emploi. Cela me fâche terriblement. Il s’agit des mêmes personnes, des mêmes talents, des mêmes femmes courageuses. »

 

Les gilets verts

 Il y a beaucoup à faire sur le climat. Les Frères de la Charité, c’est une grande entreprise. Que peut faire notre organisation ?

« Des doubles vitres, des lumières qui s’éteignent quand il n’y a pas de mouvement, des panneaux solaires, le recyclage. Une organisation peut faire de très nombreuses choses. Mais cela n’est pas si simple. Les  banques ont de l’argent pour cela, mais pour une école ou un hôpital c’est un coût énorme. Evidemment je suis pour le climat. Mais qui va payer la facture ? C’est là la grande question. Les gilets verts et les gilets jaunes ont des objectifs contraires. Les gilets verts veulent que nous conduisions des voitures électriques, ce qui nous coûtera une fortune. Les gilets jaunes disent ‘je conduis une voiture à diesel parce que cela cadre dans mon budget’. Le prix coûtant pour rendre verte notre société pourrait bien être le plus douloureux pour ceux qui ont déjà le plus de difficultés. »

 Alors un autre doit payer la facture…

« Cela exige une vision totale. Le recyclage, la construction économe en énergie, la politique du transport, vivre sobrement. Les problèmes mondiaux doivent être résolus mondialement. La Chine et l’Inde sont les plus grands pollueurs. L’Amérique est le pays le plus polluant par personne. Si des nations pareilles ne suivent pas, peu changera en matière de réchauffement climatique. Mais cela ne peut pas nous paralyser. En effet, les défis sont énormes. Londres a l’étendue de la Flandre. Si vous le voulez, on peut y être 2 heures dans le métro d’une façon efficiente. Ici, le tunnel du métro s’arrête aux Quatre-Bras. Pourquoi le métro ne mène pas depuis longtemps à Namur ? Nos transports publics ne sont plus en accord avec notre façon de vivre. »

 

Care givers

Vous avez 65 ans et vous avez arrêté votre fonction chez la Banque Nationale. Egalement chez nous vous avez arrêté votre engagement dans le conseil d’administration. Quels sont vos plans ?

« J’ai érigé une entreprise ! (rit) Mon intention est de faire le coaching d’individus et d’équipes. Quelque chose de complètement différent. »

 Comment vous y êtes venue ?

« Dans une longue formation aux universités de Zurich et INSEAD,  j’ai appris que 85% de notre communication se déroule via l’inconscient. Tout ce que vous voyez et vivez, est colorié par comment vous vous sentez inconsciemment. Beaucoup de cela nous a été appris par nos ‘early care givers’, les gens qui prenaient soin de nous dans notre enfance. Les parents, les frères, les sœurs, mais aussi les éducateurs, les soignants, les enseignants, les coaches sportifs,… Beaucoup de collaborateurs chez les Frères de la Charité sont également des ‘early care givers’. Les conflits que ces gens ont plus tard, sont souvent la conséquence du patron de valeurs ou des traumatismes qui leur ont été imprégnés dans leur enfance. Quelque irrationnel que se comporte une personne, on peut toujours trouver des causes rationnelles. Par mes techniques je peux mesurer ce que sont les motivations de quelqu’un, aussi bien conscientes qu’inconscientes. Je peux aussi voir comment quelqu’un pense de préférence, quels sont les patrons de stress qui s’installent et comment ils dirigent le comportement de quelqu’un. C’est avec ces techniques que je me mets au travail. Mon focus est sur le coaching de groupe dans le contexte du travail. Je veux accompagner des équipes pour faire surgir parmi les personnes le dynamisme de l’inconscient. Ainsi vous voyez qu’une personne peut toujours continuer à rêver. »

 

Qui est Marcia De Wachter ?

  • Elle a étudié l’économie et est devenue en 1999 Vice-Gouverneur de la Banque Nationale de Belgique. Elle était aussi membre du Conseil Stratégique, du Conseil d’Administration et du Comité d’Audit de l’organisation les Frères de la Charité. Fin 2018 elle a arrêté sa fonction pour ériger sa propre entreprise Brain@Trust qui offre du coaching et du consulting pour des personnes, des équipes et des entreprises de famille.
  • Elle a marié Leo Steenbergen, elle est la mère de 2 fils et grand-mère de 2 petits-enfants.
  • Quand elle veut se relaxer vraiment, elle prend place sur sa terrasse.
  • L’année à venir elle veut croître en renonçant à son armure de standing et de prestige en à prendre ainsi distance physiquement et mentalement de sa fonction précédente.
Marcia De Wachter - © Bart Moens
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